Les premiers secours en santé mentale (PSSM) suivent la même logique que les premiers secours physiques. Ce sont des formations citoyennes permettant de former des secouristes capables de mieux repérer les troubles de santé mentale, d’adopter un comportement adapté, d’informer sur les ressources disponibles, d’encourager à aller vers les professionnels adéquats et, en cas de crise, d’agir pour relayer au service le plus adapté.
Oui, tout à fait et c’est même très important ! En France, ces formations se sont développées sur la base du modèle australien des « Mental Health First Aid » (MHFA, www.mentalhealthfirstaid.org), créé il y a une vingtaine d'années et qui a fait ses preuves en Australie. Aujourd’hui, 1 million d’australiens sont formés aux premiers secours en santé mentale (pour une population globale de 26 millions) : on peut en déduire que presque tout le monde a, dans son entourage, une personne formée !
En France, 110 000 secouristes sont aujourd’hui formés en France et 1 300 formateurs accrédités. Grâce au financement de l’ARS Paca, mon équipe et moi-même avons animé plus de 40 formations dans notre région depuis 2019, dont la moitié dédiée aux problématiques des jeunes (notre partenaire Solidarité Réhabilitation en a animé à peu près autant grâce aux mêmes financements).
La santé mentale des jeunes est une priorité. Avant même l'impact l’arrivée de la crise Covid, l’OMS estimait que 10 à 20 % des jeunes étaient concernés par un trouble psychique majeur (les troubles anxieux, la dépression (dont la crise suicidaire et les automutilations non suicidaires), les psychoses, les troubles du comportement alimentaire et les addictions…)
Les formations en premiers secours en santé mentale dédiée aux jeunes sont déployées depuis deux ans en France. Les objectifs sont de former tout à chacun pour qu’il soit capable de repérer des troubles psychiques chez les plus jeunes (troubles dépressifs, troubles psychotiques, troubles du comportement alimentaire, problèmes d’addictions, etc.). Pour rappel, 75% des troubles psychiques qui sont installés dans la vie d’adulte ont démarré avant 25 ans. D’où la priorité à faire ce focus sur les plus jeunes.
Ce sont vraiment des formations citoyennes ! Pour vous donner un exemple, dans la dernière session de 2023, nous avons formé des tatoueurs qui étaient très demandeurs de reproduire ces formations : les tatouages peuvent être des moyens pour les jeunes de cacher, par exemple, leurs scarifications.
C'est un exemple parmi de nombreux autres, on pense donc également à former les coiffeurs, parce que finalement, ce sont des personnes qui n'ont aucune formation spécifique pour faire ce repérage et qui voient énormément de personnes se confier à eux. Le secouriste en santé mentale, c'est quelqu'un qui va pouvoir intervenir directement par rapport à son environnement et à son entourage.