La gale est une dermatose parasitaire, autrement dit, une affection cutanée grandement contagieuse. Le parasite responsable, qui colonise la couche cornée (première couche) de l’épiderme, est le sarcopte scabiei hominis. La femelle creuse des petits tunnels sous la peau, ou elle y pond ses oeufs, provoquant d’intenses démangeaisons.
C’est une maladie exclusivement humaine.
Au sol, cet acarien survit dans les squames humaines entre deux et huit jours si des conditions d’humidité et de chaleur sont présentes. Il disparait s’il est soumis à une température de plus de 60° et à la congélation prolongée.
Les surfaces inertes ne sont pas contaminantes, sauf la literie, les canapés et le linge ainsi que le mobilier constitué de matériaux absorbants.
On distingue deux formes cliniques :
- La gale commune due à la présence peu nombreuse de sarcoptes sur la peau.
- Les gales profuses (forte charge parasitaire et fortement contagieuses) qui sont favorisées par un déficit immunitaire (notamment chez les personnes âgées). On y retrouve la gale disséminée inflammatoire ainsi que la gale hyperkeratosique (gale norvégienne). Celle-ci est une forme rare avec érythrodermie généralisée et une hyperkératose (épaississement de la partie superficielle de l’épiderme).
Contamination
- Interhumaine par contact cutané direct (la plus fréquente) : contacts étroits (peau contre peau) fréquents ou prolongés (15 à 20 mn pour la gale commune) : famille, voie sexuelle, vie en collectivité (sport, école, crèche, Ehpad…).
- Transmission indirecte par contact avec du linge, de la literie ou encore des vêtements contaminés (voire du mobilier absorbant type canapé en tissu ou en cuir).
Incubation
- Entre 1 à 6 semaines selon l’importance de l’infestation (en moyenne 3 semaines)
- 1 à 3 jours en cas de ré infestation
Symptômes
Les lésions sont principalement situées au niveau des espaces interdigitaux, des faces antérieures des poignets et des avant-bras, des plis des coudes, des creux axillaires, ceinture, des fesses, des organes génitaux masculins et des aréoles mammaires.
- Prurit à recrudescence nocturne quasi constant avec des lésions non spécifiques de type lésions eczématiformes, de grattage avec parfois impétigo (surinfection)
- Plus rarement, sillons scabieux, vésicules perlées, nodules scabieux
Diagnostic
Dans les formes communes, le diagnostic est principalement clinique :
- Notion de contage et de cas dans l’entourage,
- Prurit à recrudescence nocturne,
- Localisations caractéristiques des lésions cutanées (lésions vésiculeuses, voire sillons).
Hors contexte épidémique, une dermoscopie est réalisée et permet de visualiser le sarcopte (examen chez le dermatologue).
Signalement
La gale n’est pas une maladie à déclaration obligatoire mais tous les cas groupés de gale en collectivité d’adultes ou d’enfants, devront être signalés à l’Agence régionale de santé en contact la plateforme régionale d'alerte et urgence sanitaires.
Signaler au Point Focal régional
Par téléphone : 04 13 55 80 00
Par mail : ars13-alerte@ars.sante.fr,
Ou par fax : 04 13 55 83 44
Rappel : il n'y a pas de guérison spontanée de la gale. Il convient de réaliser un traitement aux sujets atteints et aux sujets contacts, sur prescription médicale.
Il existe deux types de traitements (général et local).
Un traitement par voie générale : Stromectol (Ivermectine®)
en une prise unique à J1, une deuxième prise peut être nécessaire à J8 suivant l’évolution.
Le traitement local
- Il consiste soit à une pulvérisation d'un produit sur l'ensemble du corps,
- Soit à un badigeonnage de l'ensemble du corps à l'aide d'un pinceau plat (sauf le visage).
En pratique :
- J1 : 2 badigeonnages successifs à réaliser à 1/4 d'heure d'intervalle. Temps de contact : 24 heures pour un adulte (12h00 pour une femme enceinte).
- J2 : douche au savon doux, rincer abondamment, sécher avec une serviette de toilette propre et revêtir des vêtements propres.
- J8 : en fonction de l'évolution de la clinique, on peut être amené à réaliser un nouveau badigeonnage (un seul).
Mesures d'hygiène générale
- Limiter les sorties, les déplacements, les rassemblements de personnes,
- Limiter les contacts physiques à risque (activités sportives, ludiques, avec contact, ateliers collectifs),
- Eviter les échanges de vêtement, bonnet, écharpe, doudou, lieu et matériel de couchage, table à langer...
La gale est aussi une infection sexuellement transmissible (IST)
Il s’agit d’une maladie à fort potentiel épidémique : l’utilisation de la fiche de surveillance des infections dans les collectivités de personnes âgées (disponible en cas de GEA ou d’IRA) est recommandée pour recenser le premier cas et repérer les cas groupés qui révèleront une épidémie.
Règles d’hygiène des personnes
Pratiquer systématiquement un geste d’hygiène des mains par lavage simple, complété par une friction à la solution hydro-alcoolique (avant et après le contact avec le résident, après maniement du linge du résident, au retrait des gants et de la surblouse et à la sortie de la chambre).
Lors de tout contact avec le résident ou avec son environnement :
- Porter des gants à usage unique
- Porter une surblouse à manches longues
Hygiène des tissus
Respecter le protocole « linge contaminé » en vigueur :
- Lavage du linge, effets personnels, tissus contaminés… à 60°C.
- Sur le linge, les effets personnels, les tissus… trop fragiles pour un lavage à 60°C, les enfermer hermétiquement dans un sac plastique en les laissant en contact pendant 3h avec un produit acaricide en spray.
- En absence de spray acaricide, les maintenir en isolement dans un sac hermétiquement fermé, 4 à 5 jours en cas de gale commune, 8 jours en cas de gale profuse.
- Le linge repris par la famille est mis immédiatement dans un sac plastique pour éviter toute manipulation, avant un traitement en machine à 60°C.
- La literie : après traitement du patient, changer drap, taie d'oreiller, couverture et housse de matelas. Il est possible de pulvériser un produit acaricide sur le matelas, en cas de déchirure de la housse.
- Les déchets : sont éliminés selon le protocole « Précautions complémentaires de type Contact » en vigueur dans la structure, le temps de « l’isolement ».
Hygiène des locaux et de l'environnement
- Le traitement de la gale doit concerner simultanément le résident et son entourage proche, ainsi que les locaux fréquentés par le cas, ses lieux de vie et environnement.
- Dans tous les cas, le linge, la literie, les canapés, les fauteuils et le mobilier doivent être désinfectés.
- Réaliser le bio nettoyage au moins 1 fois par jour avec un détergent désinfectant.
- Les chiffonnettes et bandeaux suivent la filière du linge selon la procédure de l’établissement.
- Sur les surfaces en tissu (ex : fauteuil), réaliser une pulvérisation avec un produit acaricide, en se protégeant (masque et lunettes de protection). Eviter le contact cutané pendant 12 heures et l'occupation de la pièce pendant 3 heures.
3. Vaisselle et objets personnels (stylos, bibelots, livres, téléphone, etc...) : pas de traitement particulier.
Mesures d’isolement, d’éloignement et de fermeture des locaux
- Chambre seule, limiter au maximum les sorties (si indispensable, faire une fiche de liaison avec des informations précises sur les précautions à respecter).
- Mettre une signalétique sur la porte de la chambre du résident le temps des précautions complémentaires.
- La durée de « l’isolement » est une prescription médicale ; en général 48 heures après la dernière prise du traitement curatif.
Communication
- Information auprès du résident, du personnel et des familles, en particulier : limiter les visites, réaliser un lavage des mains à l'entrée et à la sortie de la chambre, éviter tout contact direct avec le résident, ne pas s'asseoir sur le lit, ni déposer des vêtements personnels dans l’environnement. Port d'une surblouse en cas de contact rapproché.
- Information auprès de l'ARS en cas de cas groupés
- Signalement au service de médecine préventive si agent contaminé
- Importance de la formation et de la sensibilisation du personnel
La gale est inscrite au tableau de maladies professionnelles n°76 relatif aux maladies liées à des agents infectieux ou parasitaires contractées en milieu d'hospitalisation et d'hospitalisation à domicile, ou en établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Annexe II : Tableau n° 76 N du code de la sécurité sociale).
Le décret n°2015-1419 du 4 novembre 2015 (révisant et complétant les tableaux des maladies professionnelles annexés au livre IV du code de la sécurité sociale) permet aux personnels des établissements et services médico-sociaux de pouvoir bénéficier d’une reconnaissance de maladie professionnelle au titre du tableau 76 du régime général.
L’intitulé implique que seuls les agents du secteur hospitalier seraient concernés. Sont cependant aussi concernés les agents travaillant en établissement ou services médico-sociaux.